Penser la théorie au futur (Barthes, Genette, Todorov)

C’est souvent avec inquiétude ou circonspection, aujourd’hui, que l’on évoque l’actualité, et a fortiori l’avenir de la théorie littéraire. Depuis le reflux du structuralisme vers le mitan des années 1970, l’heure du bilan n’a cessé de sonner. Antoine Compagnon, Tzvetan Todorov et d’autres ont ainsi multiplié ces dernières années les témoignages et les synthèses, se retournant sur ce présumé « âge d’or » de la théorie littéraire, pour en dresser l’inventaire et en juger la postérité.

La peur

La démarche biographique est une démarche de compréhension : saisie intellectuelle et totalité, connaissance compréhensive (selon la définition du TLF, « Qualité, attitude d’une personne compréhensive, capable de saisir la nature profonde d’autrui dans une communion affective, spirituelle allant parfois jusqu’à une très indulgente complicité »). Certains points résistent pourtant à toutes ces formes de compréhension, ce qui est le cas avec Barthes de la peur.

Il n’y a pas de question homosexuelle

« Le monde homosexuel n’est pas tellement intéressant. C’est le monde à partir d’un homosexuel qui est intéressant. Toujours l’Indirect. » (Roland Barthes, Grand Fichier, fiche n°302, 5 juin 1978) Roland Barthes était un « ficheur », selon la désignation alors en...

La figure du gigolo

Il importe, pour commencer, de bien préciser que le mot « Barthes » dans les pages qui vont suivre ne désigne pas un homme, mais, par métonymie, une œuvre – même si l’ensemble des textes retenus, essentiellement « Incidents » (notations prises au Maroc), « Soirées de...

Roland Barthes & Renaud Camus

Commençons par la biographie, avant d’aller vers le biographique[1]. Évoquant les années 1974-1978 de la vie personnelle de Barthes, Marie Gil réunit quelques fils qui n’ont rien d’épars et forment même un réseau affectif précis : « Dans le patchwork des amitiés […],...